Potosi
Le Cerro Rico ... Depuis le bus, c'est la première chose qui nous signale la ville de Potosi. Cela n'est il pas normal ? Puisqu'il est à l'origine de la ville ...
Potosi, c'est la ville de plus de 100 000 habitants qui est la plus haute du monde avec 4060 m d'altitude. Mais ce n'est pas sa seule caractéristique mondiale. Pendant près de 2 siècles elle fût, bien que dans l'ombre, la ville phare de notre monde et l'argent qui coulé du Cerro Rico (Montagne Riche) a considérablement enrichi l'Europe et notamment les espagnols. On dit que la ville avait des rues parées d'argent tellement le minerai était abondant. Une autre métaphore dit que l'on aurait pu construire un pont en argent pour gagner l'Espagne depuis le continent.
Aujourd'hui, ce n'est plus le cas ... Mais la ville semble avoir gardé un côté festif, au vu des nombreuses manifestations qui s'y déroulent encore.
Rongé par la fièvre de l'argent, ce mont à fait toute l'histoire du monde depuis sa découverte en 1545. Charles Quint en fût d'ailleurs ravi, car en plus de l'or des aztèques et des incas il financera les batailles qui vont construire son empire européen. Ce n'est que fin 1800 que viendra le déclin économique de Potosi (C'est marrant de savoir que, comme par hasard l'indépendance se fera à la même époque (1825 pour la Bolivie.)). Mais aujourd'hui les mineurs ne sont pas partis, car, si dans les veines de la montagne l'argent ne coule plus, le plomb, l'étain (Qui est surtout exploité vers La Paz ... d'ou le conflit de capitales !) et le zinc sont toujours exploités. Bien sûr on est loin des richesses d'antan et les simples mineurs gagnent à peine plus de 1000 bolivianos par mois (Avec notre "petit" budget Caval, nous en avons 200 par jour.).
Nous irons visiter une mine de cette montagne omniprésente, mais en attendant nous avons pris le plaisir de quelques pas dans la ville et d'un petit ciné, pour notre premier soir ( Et pour la première fois de notre Caval.), "El regalo de la pachamama" ( Le cadeau de la pachamama - Film japonais primé au festival de Vancouver et autres.), qui nous en a montré un peu plus sur cette région de la Bolivie et notamment les tailleurs de sel que nous n'avons pas visité avec notre tour de 4 jours entre Tupiza et Uyuni.
PS Uyuni : Depuis on a appris que le salar d'Uyuni recèle (d'après les estimations actuelles bien sûr !) 35% des ressources de Lithium mondiales !!! Une farouche guerre se joue actuellement entre les prétendants à l'exploitation et le gouvernement de Evo Morales, qui, comme vous le savez peut être lutte contre la fuite des richesses naturelles (Il a, à ce titre, nationalisé plusieurs entreprises, dont l'actuel YPFB qui exploite les ressources pétrolière du pays, pour le plus grand mécontentement des riches occidentaux mais aussi pour la plus grande joie des modestes boliviens qui ont donc réélu Evo en ce début d'année.).
Cette richesse passée, en fait peut être, la plus belle ville qu'il m'ait été donné de voir. Merveille d'architecture coloniale, l'Unesco l'a classé au patrimoine mondiale dès 1987. Mais je vous laisse en apprendre plus sur Potosi ici et si vous souhaitez consulter la liste du patrimoine mondiale de l'Unesco c'est par là !
Est ce la richesse de la ville ou le nombres d'accidents dans la mine qui explique ce grand nombre d'églises ? On estime à 8 millions de morts dans les mines entre 1545 (Découverte de la mine) et 1825 (Date de l'indépendance de la Bolivie.).
La casa de la Moneda (La maison de la monnaie), avec sa tête de "Bacchus" (En fait seul les français la voient ainsi ... A Potosi cette face, devenue symbole de la ville, est celle de Diego Huallpa, l'indien qui découvrit la richesse du cerro ! Le sourire ironique du fait de la folie qu'elle a engendrée.) est aussi un incontournable de la ville. Cette maison forte où l'on a frappé la monnaie de 1773 à 1933 est aujourd'hui un excellent musée sur ce même thème (Mais on frappait déjà la monnaie à Potosi depuis 1572. Aujourd'hui c'est le Chili qui frappe les bolivianos et la France imprime les billets.). Des forges à la frappe de la monnaie, en passant par les laminoirs (Entraînés par des mules puis à vapeur pour enfin être électriques), toutes les phases de la production de la monnaie nous y sont racontées. A l'époque ces Reales avaient cours aussi bien en Espagne qu'en Amérique du sud. Le royaume d'Espagne prenait 75% de cette production. Le 1/4 restant circulait sur place ... Enfin sans compter les réseaux de contrebande dont on ne sait combien ils ont pris.
On a aussi appris, pourquoi nos pièces de monnaie ont des canelures sur la tranche. Si aujourd'hui elles ont un rôle tactile, pour les aveugles, cela était au début une mesure pour lutter contre le rognage des pièces. En argent ou en or bon nombre de personnes en grattaient une infime partie, qui faussait au final le poids et donc la valeur de la pièce.
Le musée (Magnifique construction en soit) présente aussi une collection de tableaux, dont "La Virgen del cerro" (La Vierge du Mont), qui illustre le mélange des croyances entre notre sainte trinité et celle traditionnelle des quechuas avec Inti (le soleil), Quilla (la lune) et la Pachamama (la terre maternelle - Mais comment la Bolivie n'est elle pas plus écolo avec ça ?).
Allez ! encore deux liens, celui de la Casa de la Moneda et celui "explicatif" du tableau.
Pour notre dernier jour, c'est une visite d'une galerie du Cerro Rico. Si la promenade souterraine ne nous a pas paru des plus impressionnantes, il est triste de savoir que dans ces étroites galeries où la température passe parfois les 35°C ; où l'air semble parfois peiner à rentrer dans vos poumons ; où les poussières de silice vous filent la silicose ; où les sulfates de cuivre et de souffre vous intoxiquent lentement ... que des hommes y passent leur vie, 7H00 par jour et 6 jours par semaine, dans le fol espoir d'y avoir une veine d'enfer ! L'argent ressurgira t'il ou devront ils laisser ce rêve à leur enfants qui attendent leur tour en cirant des chaussures sur la place 25 de mayo ?
Bien que l'on passe par des agences qui reversent une part du paiement, aux familles ou à une coopérative qui assure quelques aides et une retraite aux rares forces de la nature qui atteignent celle-ci (Espérance de vie 45 environ.), la tradition est d'apporter des cadeaux aux mineurs. Les plus classiques sont, les feuilles de coca (Que l'on dit filtre naturel aux sulfates qu'ils respirent, mais aussi est surtout un coupe faim et un "euphorisant" qui donne, un peu, de coeur à l'ouvrage.), une gomme qui serre de catalyseur à la coca, des cigarettes, de l'alcool (A 96° bien sûr ! Dans la galerie, je boirai ce "rhum des mineurs" ... Arghffff ... C'est pour les "machos" (les Hommes) comme nous dit notre femme guide qui semble bien plus "machos" que nous autres les petits visiteurs bien pâles ! ) et les explosifs !!! Je demande à notre guide si n'importe qui peut acheter de la nitroglycérine (plastique) en Bolivie. Il me répond que bien sûr que non, mais à Potosi oui !
Personnellement, j'amènerai aussi un petit dessin pour le "Tio" (Ne sachant prononcer le D les quechuas disent Tio au lieu du Dio (Dieu) espagnol.), un diable importé d'Espagne qui devait inciter les quechuas à bien travailler pour ne pas le mécontenter. Et c'est en son honneur que nous trinquerons ainsi que pour la Pachamama qui en reçoit une larme sur le sol.
Quelques formations minérales ... on voit bien sur la première photo que la galerie suit un veine de minéral. Sur la dernière de la pyrite ... l'or des fous.
Fort contents de cette escale à Potosi (Malgré un groupe de boliviens un peu trop festif dans notre hôtel ! et l'accident de mon couteau suisse ... Après près de 15 ans de bons et loyaux services, le voici amputé de sa queue de cochon ! Snif ... Mais il ne m'abandonne pas !!! ), c'est maintenant la capitale, Sucre, qui nous attend.
Et le rêve continue ...