Venise

Et la plaine du Pô ...

C'est une journée d'hiver qui nous conduit de Florence à Ravenne. Un col à plus de 900 m d'altitude et 140 km pour rejoindre de nouveau le soleil en la vaste plaine du Pô. Agrémenté d'une bonne bruine et du vent du col, nous voici nous engourdissant les doigts sur le guidon.

Les vestes toujours au fond du sac voici Allégra qui gonfle son poncho ... J'ai un bibendum qui me suit dans le descente ! Après les chaleurs caniculaires de Toscane on ne s'attendait sûrement pas à une telle chute des températures. La côte Adriatique ne va pas tarder à remettre les choses dans l'ordre et ce soir c'est encore en hamac que je passerai la nuit.

On engage alors une bucolique traversée de la plaine du Pô. Celle ci nous enchante d'autant plus qu'ici la bicyclette est reine. Contrairement au reste du pays la région de Ravenne est innervée de nombreuses voies cyclable et, cerise, si vous y arrivez par le train, une bicyclette vous sera gracieusement prêtée pour votre séjour. Une bonne idée pour les vacances non ?

On longe tout d'abord la côte, puis quittant les stations balnéaires nous nous enfonçons plus dans la campagne pour arriver au coeur de salines. Bien que nous ayons prévu une petite étape pour ce jour, nous voici pédalant plus de 100 km tant une saline, un chemin nous invite à flâner dans ces dédales de cours d'eau. le Pô écarte ici de nombreux bras pour la joie de la vie sauvage et des pêcheurs. Flamants roses, pélicans, spatules, hérons pourpres, hérons gris, avocettes, poules d'eau, col verts ... rappellent en nos bons souvenirs nos fructueuses quêtes ornithologiques d'Amérique latine.

Venise est le point d'appel de cette rallonge de la Caval, mais la plaine bien moins populaire que cette célèbre métropole en vaut bien le détour ...

Et la ville de Choggia est un bel avant goût de sa grande soeur vénitienne. Malheureusement à vélo au milieu d'une rue investie par le marché ... C'n'est pas simple.

Venise nous y voici. Comme vous le savez, ici la voiture n'a pas sa place. Ce sont les canaux qui irriguent la ville des denrées alimentaires et autres marchandises ... Les célèbres gondoles sillonnent ces voies d'eau, mais vous pouvez y rencontrer toutes sortes de services. Ainsi nous avons croisé un bateau pompier, une ambulance et même les services de ramassage des ordures ménagères. On salue au passage le travail des livreurs qui affrontent quotidiennement quelques uns des 435 ponts de la ville.
Cette difficulté de circuler, les vénitiens l'ont choisi pour se mettre à l'abri des envahisseurs. Car au III ème siècle les goths investissent le nord de l'Italie. Ils descendront jusqu'à Rome ...

Des marais et hauts fonds s'élévent alors des premières demeures. Le village grossit au rythme du perfectionnement de la technique de construction sur pilotis. Malgré tout, les constructions sur palafittes ("Pieux fichés" en italien.) de plus en plus grosses, à usage de bâtiments administratifs ou religieux sont lourdes, ainsi que les places, aménagées également sur pilotis, et dont la splendeur s'enrichit relativement aux bourses des commerçants qui trouvent la prospérité dans les nombreux biens d'importation que leur procure la route de la soie.

Le palais des doges est à ce propos un bon indicatif de la grandeur qu'avaient pu avoir ces seigneurs.

Car même si les verreries de Venise sont mondialement connues, ornants aujourd'hui encore de grands édifices religieux aussi bien chrétiens que musulmans (Les mosquées d'Istanbul en sont bien pourvues ainsi que la récente mosquée Omar Ali Saifuddin de Bandar Seri Begawan, la capitale du Brunei.) et autres fastes constructions ou mobiliers.

Mais les palafittes peinent à retenir la ville et le poisson, dont Venise a la forme, veut aller à l'eau ! (Ci dessus plan schématique de la ville. L'oeil marquant la gare de la ville.).

De grands fonds sont débloqués, engageant de lourds travaux de soutènement, car comment laisser sombrer un tel joyau touristique !

Nous, comme bien d'autres, on se perd (Pas seulement au sens poétique !!!) dans le vaste labyrinthe de cette ville romantique, se laissant séduire par ces canaux qui reflètent doucement une lumière qui pénètre difficilement les étroites ruelles ...

Un petit soupir pour clore cette galerie ...

Mais demain, nous avons rendez vous avec le famille. 120 km au programme pour qu'Allégra retrouve pour la seconde fois de la Caval, papa et maman !

Et le rêve continue ...