Guerrero Negro

C'est de nuit que nous débarquons à Guerrero Negro. Il fait froid et la ville parait triste. Nous ne savons pas encore que nous allons rester une semaine ici.

Au petit matin le soleil chauffe déjà malgré un vent froid d'avoir trop longtemps caressé l'océan Pacifique. Et oui nous venons de traverser l'étroite péninsule de Basse Californie, où il ne faut pas plus d'une centaine de kilomètres pour passer de la mer de Cortés à la rive océanique.

Les rues de sables (Hormis la centrale qui est bien revêtue de bitume.) qui inervent une ville sans étages, nous annoncent aussi que nous sommes aussi loin de la station balnéaire de Loreto. Ici le tourisme ne semble pas avoir perverti la ville.

Comme on nous le dit la ville s'enorgueillit de trois choses :

- Ses salines : Cette exploitation de sel (aux mains des japonais.) nous est présentée comme la plus grande au monde avec (si ma mémoire est bonne) plus de 7 millions de tonnes de sel annuel. On nous y explique aussi que la constance du vent était bonne pour l'évaporation. Logique ! Mais il est vrai que je n'avais pas fait le lien avec chez nous, où le mistral donne bien pour la camargue.

- Ses "Pata de leon" (Patte de lion) : Sortes de coquilles Saint Jacques, peut être en plus grosses, qui semblent ne se plaire qu'ici, et "qui se vendent très cher".

- Et enfin sa nurserie de Baleines Grises. Avec cette année plus de 1400 individus (Dont quasi moitié de baleineaux.), la laguna de "Ojo de liébre" (Oeil de lièvre) est la plus grande nurserie de Baleines Grises au monde. Les quelques autres se trouvant également en Basse Californie. Comme on nous l'a dit, la baleine grise est donc mexicaine ! Si l'on ne pensait initialement pas aller les voir, cette occasion fera d'heureux larrons.

Et personnellement, je rajoute comme point fort à Guerrero Negro ses oiseaux ... Bien sûr ! Les lagunes de cette anse attirant de nombreux limicoles et fait une excellente halte pour les migrateurs. De plus la grande présence de Balbuzards Pêcheurs démontre bien de la bonne présence de poissons qui nourrissent aussi bien d'autres cormorans, pélicans ou autres goélands ...

Comme je vous l'avais dit dans un précédent article, la barre des 300 espèces d'oiseaux cochées sur mon guide d'Amérique Centrale, ne semblait pas difficile à passer. Cela fût fait même avant de prendre le bateau pour la Basse Californie. Et ici dans ce plat paysage, nous faisons 3 à 5 nouvelles rencontres ailées par jours ... Waouh ! Serions nous au paradis ?

Nous passons ainsi nos jours tranquillement. Mais avant de reprendre le chemin nous allons donc voir ces géantes mexicaines qui font une migration de 10 000 km pour venir des eaux froides de l'arctique jusqu'ici pour donner naissances à un unique petit (Une femelle ne pouvant enfanter que tous les 2 ans). Petit, tout de même 4 à 5 mètres ... Et OK la maman en fait de 22 à 25. Une petite question : Comme vous le savez la Baleine Grise est un mammifère. Mais comment fait le baleineau pour manger alors que la maman ne possède pas de tétines (Il lui serait d'ailleurs bien difficile de téter avec son énorme "bec") ? Et bien, lorsque la faim le tiraille, le jeunot se place sous sa maman et tape un orifice ventrale ... Ainsi la maman expulse un jet de lait bien gras dans l'eau, que l'affamé avale par aspiration. Et le tour et joué ... C'est ainsi que l'on peut parfois voir quelques pollutions lactaires à la surface de l'eau lorsque tout n'a pas été avalé.

Nous n'aurons pas la chance de certains, qui peuvent caresser un baleineau un peu curieux de la frêle embarcation qui vient les voir. Mais les proches museaux qui passent paisiblement vers nous et les (heureusement) plus loin sauts de baleines nous régalent ... Combien pourtant j'aurai aimé chausser une paire de palme et plonger contempler ces énormes masses en leur entier ... Peut être pour une autre fois ? Comme on dit jamais 2 sans 3. Alors pour la troisième visite de la Caval à cette plus grande vie animale de la planète ...

Consolons nous avec la venue de quelques dauphins, un groupe de lions de mer (Ou otaries) et un beau canard au bec orangé.

Mais même si les jours passent joyeusement, nous n'oublions pas que les USA nous attendent et si l'on veut profiter encore un peu de cette magnifique Californie mexicaine, il nous faut y aller. Y aller oui, mais pas trop vite.

Alors en route pour une traversée du désert ... Non, ce n'est pas une métaphore comme nous le chantait J.P. Capdevielle. car c'est bien du concret ces multiples grimpettes de dunes ... N'est ce pas Allégra ?

Mais ce champ de dunes n'est pas si long et le soir, même c'est encore au pied d'un tas de sable que nous installons la tente, c'en déjà bien fini du sable.

Le second jour, nous marchons entre lagune alimentée par les marrées et ... (Attention Olivier, Sim, Eric ... ) ... les Joshuas trees ! (... et toi aussi tu te rappeles de ce fameux album de U2. Petits souvenirs ici !)

Quelques lièvres fuient à notre inattendue venue ... Puis la surprise fût pour nous en rencontrant un lynx !!! Waouh !

Enfin après un détours que nous force un bras de la lagune, puis un autre (Ah la marche, droit devant, à la boussole, ce n'est pas si simple ...) nous voici arrivés à Santo Domingo, petit camp de pêcheurs.

Un nouveau bivouac à l'abri d'une dune qui s'égaye cette fois des fruits de notre mini pêche aux moules.

Le lendemain, c'est encore une douzaine de kilomètres pour rejoindre la route qui doit nous conduire à Catavina. Un site encore inconnu que nous a conseillé le gars du tour pour les baleines.

Et le rêve continue ...