Les Annapurnas I

14 décembre 2011

Les Annapurnas I

Le grand classique de la randonnée au Népal.

C'est la raison pour laquelle nous avons pas mal hésité avant de nous y lancer. Mais l'appel de ces quelques sommets à plus de 8000 m ont eu raison de nos craintes eu égard aux quelques 90 000 touristes qui empruntent chaque année ces sentiers. De plus, dans une semaine nous sommes en décembre et la montagne devrait bientôt se vétir de son épais manteau neigeux ...

Alors zut ! Accommodons nous de cela. Justement décembre retiendra l'afflut des mois d'octobre et de novembre et question météo, nous nous concoctons un parcours peut être un peu prétentieux, mais adapté.

Nous choisissons donc de monter en premier au camp de base des Annapurnas, ce qui peut se faire en une petite semaine. De quoi donc se satisfaire des hauts sommets rapidement si le grand bleu ne devait pas tenir. Mais je suis confiant (Je compte sur le mauvais temps de l'été qui nous est rapporté. Lors de mes années à Passy (Face au Mont Blanc) plusieurs fois il m'avait semblé observer que lorsque celui ci était exécrable, l'automne était bon. Nous verrons.). Méfiant, mais confiant. Alors si ça tient on poursuit sur le "tour" des Annapurnas. Une petite rallonge de deux semaines mais dans le sens inverse des habitudes. Nous devrions ainsi ne pas marcher sur les talons des autres et certainement décaler les étapes aux refuges.

Alors c'est parti ! Nos droits d'entrée en poche, les sacs à dos allégés au possible (Mon gros sac restera à l'hôtel de Pokhara, la grosse ville du lieu.), quelques barres céréales et nous voila prêts.

>>> Livret I - L' Annapurna I - 8091 m

J.1 - Ce matin la brume n'a pas fini de se décoller du lac de Pokhara lorsque Allégra et moi sommes sur les routes de la ville. Il fait frais, mais notre pas décidé nous réchauffe vite. Nous sommes contents. Nous sommes partis sous le signe du bleu et notre impatience à nous rendre dans la haute montagne nous excite ... Le Lantang a laissé une envie d'encore à Allégra et moi je suis porté par une modeste expérience qui sait qu'à chaque fois la montagne m'apporte du plaisir.

Une petite heure et nous voici déjà montant sur les flancs d'un premier relief. Il nous sort de la ville qui s'étale à 800 m d'altitude. Avec les premières habitations rurales un chien se joint à nous. Il nous accompagne jusqu'à midi où la halte sera trop longue pour lui. Mais auparavant nous nous rendons vite compte que ces montagnes ne sont pas les nôtres. Au premier village, Sarangkot, il faut s'acquiter d'un droit d'entrée. Le village possèdant un beau point de vue sur le massif des Annapurnas, cela se paye ! On discute, expliquant que l'on ne vient pas pour la vue mais que ce n'est que notre route ... On nous laisse passer ...

Il est vrai que de cette crête la vue est belle. Plus loin même le Dhaulagiri s'offre. Les villages nous régalent déjà. Non seulement du bon plat de riz aux légumes de midi, mais aussi de leurs architectures et des "namaste" (Salutation népalaise) des gens. Ça nous gonfle et l'élan est tel que ce soir, sur un premier promontoire nous passons la nuit à 30 km de Pokhara.

Pour ce premier jour, on s'offre une bière que l'on déguste boit (Pas excellente la Tuborg ... Au passage, l'Everest non plus.) face aux dernières lueurs du soleil sur le massif des Annapurnas. La silhouette emblématique du Macchapucchre (Non non le clavier ne buggue pas, les "H" sont bien double et tous se prononcent. Essayez !), le "Cervin" local, s'impose (6997 m pour la pointe sud et 6993 pour la nord d'après ma carte, mais quelques fois il semble que ce sommet mystique (Oui oui mystique et non mythique puisque son sommet est interdit pour causes spirituelles.) ne soit donné qu'à 6993. La différence est elle due aux nouvelles mesures, qui entre autres rehaussent l'Everest de 8848 à 8850 m ?).

J.2 - Comme cela deviendra notre habitude, nous nous levons avec le soleil. Il est 6H. Et après le temps pour le petit déjeuner nous sommes en route. A cet étage montagnard, la forêt est encore présente et les oiseaux nombreux à fêter le retour du jour.

Le sentier se transforme vite en un long escalier de pierres. Ça donne le rythme et nous passons rapidement quelques reliefs pour remonter plus ou moins tranquillement un val torrentiel. Au bout de celui ci, la pause casse croûte. Il est 11H00. On se restaure de notre entendu menu. Pour midi des chowmeins, les pâtes locales. Ainsi nous faisons le plein en sucre lent (Ou carbohydrates ... La parenthèse c'est pour les mexicains, pour qui ceux ci sont la cause de l'augmentation de l'obésité dans le pays ... Non non, les envahissants voisins, chip's et sodas n'y sont pour rien ! N'est ce pas Fred ?) et nous ne sommes pas trop plombé pour l'après midi. Les bons, copieux et lourds dal bhats sont pour le soir ...

Comme nous le savions, avec la reprise, on change de rythme. Nous devons quitter le vallon pour grimper au sommet du versant qui nous domine. Là haut, C'est Chomrong un hameaux rural qui a peut être triplé avec le développement des lodges.

Un peu rodés par le Lantang, nous faisons marcher la concurrence. Mais ici cela s'avère plus rude qu'à notre premier parc. Mais nous arrivons toutefois à trouver une dame qui accepte notre proposition. Nous avons passée les 2000 m d'altitude et cela se ressent bien lorsque le soleil n'est plus.

J.3 - On se prépare pour un nouveau départ. Au petit déjeuner nous prenons le temps de discuter avec un touriste anglophone qui achève lui le programme que nous nous sommes fixés. Il nous conseille quelques étapes et nous dispense d'autres, tel que "Poon hill" une colline point de vue sur les sommets environnants ...

De nouveau on avance bon train. Allégra, sans un long passé de randonneuse, ne s'étonne de rien. En revanche l'ex petit montagnard que je suis constate ... Pour un troisième jour, on a encore bien la "frite". Il est vrai que déjà au Lantang je m'étais fait la même réflexion. Décidément les marches au soleil malais avec nos bons 16/18 kg ont faites leurs offices. Les jambes semblent solides et l'acclimation à l'altitude bonne. A ce sujet je rassure constamment Allégra qui craint d'être sujette au mal aigu des montagnes. Faut dire qu'ici l'information à ce sujet est à l'instar d'une bonne propagande ... De partout. Quand je pense à ma sortie d'un jour jusqu'au refuge Vallot (Bionnassay -> Vallot A/R = 3000 m de denivelé.) ou la seul crainte de mon entourage était que je parte seul. Et point question de mal des montagnes, même si l'on n'ignore pas ... Cela me fait sourire. Ici on dirait que c'est l'ennemi numero 1 et même quelques touristes nous diront : "Houla ! Attention dans votre sens le col Thorung-La est plus dur. Attention au mal des montagnes !" ... Bref ... Rappelons toutefois que ce mal est lié à la faible teneur en oxygéne de l'air en altitude et qu'effectivement il peut provoquer la mort si l'on néglige les premiers symptômes (Plus ici.).

La forme est donc bonne. A tel point que nous prenons de l'avance sur notre programme et déjà ce soir nous sommes au camp de base du Machhapuchhre. A peu près 2000 m de dénivelé pour notre troisième ... J'insiste mais pas mal non ?

Malheureusement les nuages nous ont suivi. Point de beau paysage alors que nous posons notre sac à 3700 m d'altitude, mais un froid voile gris. Dommage !

On se réfugie donc dans notre étroite et glaciale chambre de pierre. Mais alors que nous buvons notre thé, des exclamations nous sortent de là ... Et oui, le voile se déchire et le Machhapuchhre étincelle des couleurs du couchant et en face de lui, côté ouest, l'Annapurna I. A plus de 8000 m il retient encore un peu plus longtemps les derniers rayons solaires. Demain soir ce sera idem ... Même montée de nuages et même dispersion pour de nouveau dégager des sommets enflammés ...

Chapeau pour la mise en scène madame Nature !

La fatigue et le froid nous poussent rapidement au lit, via un passage à la salle à manger pour un bon dal bhat, les jambes sous la nappe couverture. Excellent lorsqu'il n'y a pas de poële !

J.4 - Bon on est pas là pour une course alors aujourd'hui on ne reprend pas les sacs. Le petit déj' est un peu retardé (Mais l'habitude est prise et nous sommes debout avec le soleil. Faut aussi dire qu'à 19H30 on dort.).

Ici l'ombre du Machhapuchhre couvre longtemps le refuge. Et malgré un ciel bleu qui semble tenir nous partons bien couvert. Ma montre confirme : Pression stable (Euh ! Pardon Greg ... Je voulais dire "ta" montre ... Et oui bien que ce prêt semble durer, je pense toujours bien à toi lorsque je la porte.).

Nous montons tranquillement les 400 m qui nous séparent du camp de base des Annapurnas. On franchit les 4000 sous le soleil. Il fait bon ! Et le cirque de 7500 m d'altitude qui nous entoure est splendide !

Ici l'Annapurna sud, là le Gangapurna et un petit bout de l'Annapurna III ...

C'est l'Annapurna I qui domine cet ensemble. Et du haut de ses 8091 m il est classé à la dixième place des plus hauts sommets de notre terre et est le premier sommet de plus de 8000 à être franchi. Le 3 juin 1950, par des français, s'il vous plaît ! Chapeau bas messieurs Herzog et Lachenal ... (Mais bien plus ici.)

On guette tel ou tel oiseau, on bavarde avec un groupe de françaises, un petit repas et nous finissons l'après midi au soleil, allongés dans les pâtures un café dans le quart et un mot fléché sous les yeux (Au passage merci à cet inconnu qui a laisse son "Télé 7 jeux" à l'hôtel. Et aussi est surtout merci aux Volle pour cette belle veste verte que je me suis choisi avec vos dons de mes 40 ans !). La vie n'est elle pas belle ! Et dire que certains nous imaginent dans le froid et la neige. Certes celle ci n'est pas loin. Juste là, derrière l'arrête, bien au froid de sa face nord.

J.5 - Aujourd'hui on redescend. Une longue et éreintante journée de descente où nos genoux sont mis à rude épreuve. J'en suis presque content de retrouver les 2140 marches ascendantes qui nous ramènent à Chomrong. Au passage je n'oublie pas de saluer l'un des rares sourire hospitalier que nous ayons rencontré dans ce séjour annapurnesque. Une dame où nous posons nos sacs le temps d'un plat de spaghetti à la tomate. La peur des nuages nous empêche cependant d'abréger ici notre journée comme ce sentiment de gentillesse semble nous y inviter. Vraiment dommage ... Mais c'est ainsi et nous poursuivons donc bien de quelques bonnes heures avant de clore la journée.

Ce soir, les yeux au bord du lit, nous fêtons notre 700 ème nuit de Caval. Un coupure d'électricité nous offrant un repas à la chandelle (Electrique.) pour l'occasion. Au menu ... Dal bhat !

J.6 - Au réveil, il fait un peu gris. Si le soleil semble prendre le dessus dans cette matinée qui nous remonte à plus de 2600 m. C'est lors de notre repas de 11 H que les nuages reviennent à la charge. L'après midi sera définitivement couverte.

Juste après le village de Tadapani on laisse sur notre droite notre suspicion de sentier vers Khopra (On perd ici une demi journée sur celle d'avance que nous avons sur nos estimations.), pour redescendre à Chitre. Est ce la bande de singe langgur qui nous détourne ? Ou cet ours ... Euh ! Non une vache ...

Heureusement un autre sentier nous fait, avec ravissement éviter Ghorepani, village à fâcheuse tendance touristique.

Avec le col de Tadapani, nous disons aussi au revoir au Machhapuchhre ... Alors que le dhaulagiri ne tardera pas à se montrer.

On arrive vers 17H00 ... En retard sur nos habitudes qui sont fixées à 15H00. Mais c'est ainsi.

On a droit à une douche brûlante ... Hum ! Cela d'autant plus de bien que cela est rare depuis le début de la rando.

Et ce soir on dîne avec des hongrois et une polonaise. C'est amusant de connaître les nationalités des gens que nous croisons. Et même en sous nombre nous rencontrons pas mal de personnes des pays de l'est. Mais les français dominent. Ils sont la première nationalité à fréquenter ce parc, représentant 16 % des entrées. Est ce l'histoire de l'ascension d'Herzog et Lachenal ou le phénomène randonnée qui s'est tant démocratisé chez nous (Les Alpes aidant.) ???