Les Annapurnas II

Le camp de base sous le ciel bleu est un objectif atteint. Nous enchaînons donc comme prévu sur le tour des Annapurnas ...

>>>  Livret II - Le Dhaulagiri - 8167 m

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J.7 - Après informations, nous décidons de reprendre la route de Khopra. Ça va remonter ... De nouveau un vallon, puis un coteau pour gagner une crête ... Ah ! La montagne toujours différente mais tellement pareil !

Au passage nous prenons le thé chez un futur aubergiste. Sa "tea house" est de deux jours terminée. Mais alors que je lui demande si nous pouvons prendre le thé avec lui et son veau, sous abri, il me sort précipitamment un menu ... Alors qu'il ne compte ouvrir qu'au printemps revenu, il a déjà son détrousse touristes ... On s'en accommode. Le personnage est sympathique. Puis avant de partir nous lui offrons notre livret franco-anglo-népalais en guise de porte bonheur pour son entreprise.

Ça monte encore rude pour regagner les 3600 m de Khopra.

Mais pour midi nous y sommes les yeux pleins mais le ventre vide. Malheureusement pas âme qui vive dans ce hameau dominé par un autre 8000, le Dhaulagiri. Avec 8167 m, il est à la septième place des plus hauts sommets du monde (Encore plus ici.).

Nous avons encore droit à une belle mise en scène des nuages. La mer de nuage à 3500 m environ, c'est dans un écran soulevé par le vent que nous atteignons le crête des 3700, nous coupant du panorama. Mais une rafale de plus et c'est comme par enchantement que le Dhaulagiri et le versant ouest des Annapurnas nous apparaissent ! Ouah !!! De nouveau on s'extasie.

Mais tout cela est bien beau et nous dit pas comment on va manger. Nous avons bien la ration déshydratée donnée au Mexique par Bob et Diana ... Mais pour deux cela semble court pour Allégra. Mais bon, me dis je avec beaucoup d'eau pour tromper la faim cela nous fera bien tenir jusqu'au dal bhat du soir.

Et alors que l'on prépare la popote, ne voit on pas le gardien du gîte arriver avec son chargement de bois ! Hé hé ... Finalement l'assiette sera copieuse !

Le sentier de descente est aussi raide que pour la monté. Il descend droit jusqu'à la forêt pour longer l'interminable coteau qui nous ramène à la ruralité villageoise.

Une fois encore nous faisons des heures supp. sur le planning. Il est 17H00 alors qu'un homme nous conduit à la maison d'hôtes de sa soeur.

Pour la troisième fois du tour, l'accueil est chaleureux et assorti d'un très bon dal bhat, il fait passer la douche froide (Afin seulement Allégra s'y osera, moi je reste dans mon musc montagnard.), les raides matelas et la danse des souris sur le toit de tôle.

J.8 - De Narchyang le haut nous avons encore quelques mètres à descendre avant de nous retrouver dans la grande vallée que nous devons suivre jusqu'à l'ultime nord de notre parcours, le col de Thorung-La. Mais la route est encore longue et aujourd'hui nous n'avons pas beaucoup de jambes. Peut être que cela est plus particulièrement vrai pour moi.

On avance sans trop de dénivelé pourtant. Puis vers 11H nous peinons à trouver un lieu où manger. La fin de saison a déjà fait ses premières victimes ... Les volets se ferment.

On pousse donc malgré nous jusqu'à Ghasa. Un resto nous restaure un peu le ventre et le souffle.

On repart, pour s'arrêter quelques mètres plus loin au point de contrôle du parc des Annapurnas, du village. L'administration ne se presse pas ... (Et aucunement les divers contrôles que nous rencontrons, ne vérifient notre carte TIMS !?! Seul le coupon d'entrée du parc les intéresse ... Les recettes du premier allant au gouvernement alors que le second revient au parc !).

Finalement nous ne quitterons pas le village, car à peine franchi le poste nous nous laissons prendre par un hôtel.

Est ce la fatigue ? Mais ce soir je hausse de la voix en décriant les prix scandaleux du menu. OK c'est toujours cher (Rapporté au pays j'entends.) mais si nous trouvons des excuses lorsque le riz est acheminé à dos d'hommes, ici nous sommes au bord de la route. Alors non ! Pas question de payer le prix que l'on nous fait lorsque nous sommes à une, ou plus, journée de marche des voies de circulation. La femme me menace de nous faire payer le double le prix de la chambre si nous ne mangeons pas chez elle ... Mais je tiens tête et finalement de 380, nous aurons notre dal bhat à 250 roupies ... Non mais zut alors !!!

J.9 - Le choix de la veille de raccourcir l'étape fût bon, car aujourd'hui c'est plein d'entrain que nous reprenons la route.

Au premier pont suspendu, nous quittons la rive "routière". Heureusement la fin saison atténue les inspirations poussiéreuses que vous font partager les bus, camions et 4x4.

A l'approche du village de Lete on choisit pourtant de prendre encore plus de recul sur la route en filant vers le lac Titi. Enfin, en guise de lac nous devrions plus parler de marre ... Grande marre certes, mais ne justifiant pas à lui seul le détours.

Prêt de là, la mamie de l'unique restaurant du village nous offre le couvert. Il n'est que 10H00, mais nous avons opté pour agrandir le détours, donc il faut que l'on mange car rien sur la carte nous indique un lieudit pour faire notre repas dans les prochaines heures. Après le dal bhat (Tiens c'est le matin pourtant !?!), nous entreprenons donc de franchir le plateau qui nous domine. Cela nous permet de rejoindre la route que bien plus en amont dans la vallée.

Ah ! Si nous avions la tente nous l'aurions peut être posée ici, le Dhaulagiri est tellement proche ... Quoique le vent ne semble pas être d'accord.

A peine attaquée la descente, nous sommes arrêtés par un groupe de suisses. Ils semblent bien fatigués par leur montée et nous demandent si leur calvaire est bientôt fini . Puis la discussion se poursuit. On apprend qu'ils voyagent depuis 8 mois. Le route ayant débutée vers St Petersburg (Russie) pour arriver ici, via la Mongolie, la Chine et l'Inde. Alors quand cinq voyageurs se rencontrent ... (Pour ceux qui aiment les récits de voyage, voici le lien de leur blog ici !)

Mais voila que cela fait plus d'une demi heure que l'on papote, et on est pas d'ici ! Alors à la descente c'est foulée libre ! (Hé Greg ! -50 m/mn pour ta montre !).

On regagne la vallée rapidement donc, mais nos espoirs de rester sur la rive "verte" tombent vite. Un vieil homme nous dit que non, la rivière ne permet pas de poursuivre bien loin de ce côté. A contre coeur nous traversons donc, mais finalement seuls trois ou quatre véhicules nous croiseront.

A Tukuche, je me poserai bien mais Allégra tient à poursuivre jusqu'à Marpha. Plusieurs personnes nous ayant dit du bien de ce village. Certes il change de ce que nous avons vu jusque là, mais un "je ne sais quoi" ne me plaît pas. Heureusement le brandy de pommes et le "bourru" local nous plaisent bien (La région est première productrice de pommes du Népal.) ... Ça requinque et réchauffe plus que le petit plat de chomwein du Neeru lodge ! Bref.

On hésite toutefois à prendre une journée de congé ici ... Mais non demain on repart.

J.10 - Ce matin on attend de voir Marpha sous le soleil avant de partir. Peut être cela va t'il me réconcilier avec ce village que l'on se dit tibétain. Un gros temple rouge dominant, cela donne comme un air de mini Lhassa ! Ce n'est pas vraiment le cas, bien qu'il devienne un peu plus photogénique.

Il est temps de prendre la route de Jomson. Cela nous fait parler en route de Sabine et papa qui trois ans plus tôt arrêtaient ici leur tour des Annapurnas. Au passage je lorgne ostensiblement vers le col de Tilicho. Un autre col que le Thorung-La pour passer de l'autre côté. Il est plus bas que ce dernier (5121 m), ce qui laisserait à papa le bénéfice du Tauleigne le plus haut ! Mais son ascension semble risquée, et surtout, c'est plus de 2500 m de dénivelé pour l'atteindre (A 300 m/heures cela représente prêt de 8 heures de marche.) et ensuite il faut redescendre au premier lodge de ce nouveau versant ... Un peu trop !

Avec cet autre point de contrôle c'est aussi l'occasion de faire la pause repas.

Heureusement que nous avons prévu une courte journée de marche, car sans écouter un conseil local, nous nous essayons à suivre le chemin indiqué sur notre carte. Mais non ! La rivière stoppe notre progression environ 2 km en amont de Jomson. J'ai beau pu traverser, jambes nus et l'eau jusqu'au caleçon, Allégra ne le sent pas. Le courant lui parait trop fort. Alors demi tour. Je bougonne un peu, mais c'est surtout parce que je sais que dans peu de jours il va falloir faire une bonne grimpette pour passer le Thorung-La (5416 m) et je crains ces heures de marches inutiles ...

Bon c'est l'occasion d'explorer ce lit, que l'on dit riche en fossiles. Essentiellement des ammonites.

Bref on arrive avec l'ombre à Kagbeni, un joli petit village. Il donne un bel avant goût de ce que doit être la vallée du Mustang. Itinéraire qui nous est inabordable en ces temps de Caval, car il faut compter 70 USD/jour et l'encadrement d'un guide pour aller apprécier la tranquillité de ce val (En 1980/90, le roi avait décidé de mettre cet onéreux droit d'entrée à cette vallée, promettant aux habitants qu'ils reverraient 60% en investissement direct ... Mais apparemment, aujourd'hui ils attendent toujours.).

J.11 - C'est ici à Kagbeni que nous posons notre jour. Et ce matin c'est direction Lubra que nous allons. Un petit village du style "Mustang" également.

On monte tranquillement, rencontrant nos premières "chèvres sauvages" du massif, des Grands Bharals (ou moutons bleus).

Mais ce qui nous surprend le plus c'est cette tour forte en terre qui semble contrôler la vallée. Est ce une ancienne trace des craintes du Népal contre une invasion tibétaine ? (A une époque le Tibet était fort et il fût même un temps où il demandait impôts aux chinois, renversant l'empereur qui rechignait à payer.).

Un repas dans le petit village, un café dans les pâtures et nous voici de nouveau à Kagbeni pour un petit tour dans le village ... Un beau gypaete accompagnant un instant notre retour.

Et enfin ce soir c'est "poulet du chef" un petite formule avec verre de vin (Bourru) que propose l'équipe de l'hôtel, peut être le plus culinaire de la randonnée ... Hum ! J'en ai salivé toute l'après midi et ce soir, effectivement je me régale. Allégra préférant retourner à l'excellent dal bhat que l'on nous a servi hier soir déjà.

On ne reste pas plus longtemps ... Les nuages qui se pressent dans la vallée m'inquiètent. Et nous sommes toujours chanceux avec le temps, n'ayant essuyé que 2 jours de gris, je crains que notre ascension se fasse dans le brouillard et le froid. De plus nous perdrions le bénéfice de la vue qui de là haut doit être des plus admirables.

J.12 - On repart direction Lubra ce matin. Mais nous restons sur le versant de la montagne, rencontrant de nouveaux Grands Bharals et quelques fossiles, pour joindre directement un col qui ouvre à Muktinath. C'est le dernier village avant le fameux col.

On rejoint celui ci dans la matinée, comme prévu, histoire de reposer nos jambes tout l'apres midi en préalable de la montée de demain.

Juste un petit mot sur l'hôtel du jour, le "Dream home". Aux allures de monastère tibétain, c'est de loin que nous avons déjà repéré cet édifice. Je le trouve beau, ou du moins non conforme aux constructions récentes et sans goût que l'on voit fleurir de partout. A son approche, on confirme, c'est bien un hôtel. Le choix me parait fait, mais par précaution on va demander les tarifs ... En plus il n'est pas cher et tranquille ! Marché conclut, on reste (Donc si vous passez par Kagbeni, le Dream Home c'est le dernier en descendant du col ou le premier dans l'autre sens. Seulement pour ceux qui cherchent la tranquillité car sinon il y a le pack central bien fréquenté par tout le monde ...)

Aujourd'hui c'est dal bhat midi et soir ... Faut prendre des forces.

Et en guise de marche digestive un petit tour au temple un peu en amont du village.

Je n'accompagnerai pas Allégra qui s'enthousiasme pour un village en aval. Je m'entête dans mon économie ... Ça nous permet également de repérer le début du sentier pour notre départ aux aurores.

J.J. - C'est l'alarme de la montre qui nous lève ce matin bien que cela fasse un moment que je tourne dans le lit. Est ce l'excitation, l'impatience de enfin voir ce qu'est ce col qui semble être le clou du tour ?

Le Dhaulagiri nous salut une dernière fois et nous voilà avec l'impression d'être seuls face à cette grimpette ... Ah non ! Plus loin des clochettes nous indiquent des convois de mules. Nous prenons rapidement le pas de la dernière caravane et si nous arrivons un peu avant, leur clochettes ont peu souvent cessé de tinter à nos oreilles ... Ce sont elles qui mettent fin à nos deux pauses ...

En haut, nous sommes souriants. On s'assoit 10 minutes, on regarde passer nos mules et échangeons trois mots avec un français qui arrive de l'autre sens. Puis c'est la descente. On retrouve rapidement la caravane, mais cette fois on reste derrière discutant tant bien que mal avec le muletier ...

Finalement, même s'il nous a fallut environ 5 heures pour gravir ces 1650 m de dénivelé, cela ne nous a pas paru si difficile que ça pour atteindre le sommet de la Caval (5416 m. Nous ne ferons certainement pas mieux !). Encore une fois je pense que notre bonne acclimatation n'y est pas pour rien (Depuis notre arrivée au Népal, nous n'avons passé que 4 ou 5 jours en dessous de 1500 m et environ 10 jours à plus de 3500 ...).

Un frugale repas au premier camp (Le high camp, dont l'antipathie m'interdit d'en parler plus ici.) et la descente continue ... Enthousiastes c'est finalement jusqu'à Yaz Karka que nous allons. N'ayant pas la chance d'apprécier plus que quelques minutes le soleil dans la chambre glaciale que nous avons investit. Nous sommes encore à 4000 m et pour cette nuit nous nous serrons bien fort dans un seul lit. Le second, sur le champ tente de réduire le volume de notre couche. Si il devait nous être possible d'y maintenir un peu notre chaleur.

La météo a été plus que clémente pour nos deux compères ... Mais maintenant c'est une vallée inconnue qui les guette. Sauront ils y faire face et s'échapper des griffes des bêtes féroces ???

Un rêve encore à suivre ...